Devant un marché de l’emploi tendu et ultra concurrentiel, parier sur des profils atypiques peut s’avérer une stratégie gagnante. En effet, plus qu’une série de compétences, il s’agit surtout de s’entourer de personnes compatibles avec la culture et les projets de l’entreprise. Pour identifier ces personnalités fortes, les “mad skills” font de plus en plus parler la sphère RH. Cet article vous aidera à mieux comprendre ces compétences, ce qu’elles peuvent apporter aux entreprises et comment les identifier efficacement.
Les mad skills : définitions et exemples
Les mad skills, ou compétences atypiques en français
Plus qu’un passe-temps ou une activité extra-professionnelle ordinaire, les mad skills sont un vrai pas de côté. Sa traduction française – compétences folles – n’est pas forcément la plus juste. Il s’agirait plutôt de parler de compétences atypiques. Elles sont en effet à voir comme un marqueur fort de la personnalité du candidat. Par exemple, cela peut être un engagement hors norme dans une association, un niveau sportif exceptionnel, une aptitude artistique poussée. Vous l’aurez compris, les mad skills peuvent prendre de multiples formes, mais elles ont toutes en commun leur rareté.
Les origines du concept
On retrouve pour la première fois le concept de mad skills dans la Silicon Valley. L’expression est arrivée en France dès 2019. Mais c’est la pandémie qui en a révélé tout son potentiel. Durant cette période, les entreprises ont commencé à vouloir s’entourer de profils moteurs, optimistes et créatifs. Quoi de mieux en effet que l’audace pour réinventer les modèles, les méthodes de talent management et les activités. Myriam Ogier, coach spécialisée dans les profils atypiques, revient sur ce point dans une interview pour Welcome to the Jungle. « Les crises font voler en éclats l’ordre établi. Elles agissent comme des révélateurs (…). Les atouts de ces profils ? Une intuition hors norme, leur capacité à détecter les signaux faibles, les failles, leur imagination, curiosité et vision globale. »
La complémentarité avec les autres compétences
Les mad skills sont à voir comme un “plus”. Elles ne volent en rien la vedette aux hard et soft skills. En effet, la fiche de poste et la liste des compétences exigées restent un pilier pour un recrutement efficace. D’autant que cette méthode oblige les équipes terrain à bien cadrer leurs besoins. Les équipes RH sont ainsi en mesure de lancer un travail de prospection. Les mad skills sont en fait plutôt à voir comme l’expression d’un potentiel. Comme les soft skills, elles ont trait à la personnalité du candidat. Mais elles renvoient plus franchement à des expériences éloignées à première vue du poste visé. Elles donnent une teinte différente aux CV. Elles peuvent aussi aider à faire un choix entre deux candidats d’un niveau proche. Il s’agit en fait de lire entre les lignes.
Les mad skills dans un processus de recrutement
Quand les mad skills aident à détecter une potentialité
Pour un recruteur, les mad skills sont riches en information. En effet, elles aident à comprendre les modes de fonctionnement du candidat et participent à révéler son potentiel. Le sujet n’est pas tant la passion ou le domaine exprimé, mais plutôt de projeter cette compétence dans un futur contexte de collaboration. Le recruteur doit donc être en mesure de les identifier puis de les interpréter. Par exemple, un ancien professionnel sportif aura très certainement des compétences à apporter en termes de discipline, de combativité ou d’engagement. Un bénévole pleinement investi montrera, quant à lui, une aptitude à être solidaire et généreux et pourra exprimer une certaine intelligence émotionnelle. L’extrapolation est donc la clé pour une bonne lecture de ces potentiels.
Où trouver les mad skills sur un CV ?
Ne nous trompons pas : les mad skills sont des compétences à raconter, à expliquer et à interroger. C’est pourquoi il peut être compliqué pour les candidats de trouver le bon endroit pour les intégrer, notamment à l’intérieur d’un CV. D’autant que ces derniers n’ont pas toujours pleinement conscience de leur valeur. Les processus de recrutement et de candidatures sont souvent formatés et laissent peu de place à l’improvisation. Pour autant, il peut être opportun de les mentionner dans une lettre de motivation. Ou de faire un renvoi vers un site internet ou sur l’un de ses réseaux sociaux sur le CV. Mais la responsabilité est surtout entre les mains du recruteur. Il est indispensable de le sensibiliser au potentiel de ces compétences hors normes. Ainsi, il pourra être plus attentif aux détails pour lire entre les lignes. L’ennemi des mad skills ? Une lecture trop rapide et schématique des candidatures, ce qui empêcherait toute détection de ce fameux pas de côté.
Test de personnalité, job dating : les mad skills se révèlent
Après la phase de sélection par écrit, vient le moment d’échange. Nous l’avons abordé plus haut : les mad skills sont une très belle amorce au dialogue entre recruteur et recruté. Elles permettent de garder un moment moins formel lors de l’entretien, favorisant la culture du feedback. Les formats éclair comme le job dating s’y prêtent plutôt bien. Le candidat a potentiellement déjà réfléchi comment se démarquer en quelques secondes. Les tests de personnalité sont également intéressants et peuvent être un bon point de départ. En revenant sur les résultats, il est, en effet, possible de creuser certains comportements, réactions et potentiellement de partir sur ces compétences atypiques. Peu importe le format de l’entrevue, là encore, ce sera bien souvent au recruteur de lancer le sujet.
Opportunités et limites des mad skills
Esprit d’équipe et culture d’entreprise
Les mad skills sont particulièrement utiles pour “composer” des équipes. Avec des personnalités fortes, il est, en effet, intéressant de chercher la complémentarité des profils. C’est une façon de veiller à plus de diversité au sein des entreprises. Cela peut être une preuve d’ouverture : en abordant les candidatures avec curiosité et intérêt. S’entourer de ces personnes peut également nourrir la culture d’entreprise. Elle peut en effet donner une teinte au style de management ou aux méthodes de travail. Cela permet de créer un lien plus personnel avec les collaborateurs. Mis en avant, ils pourront se sentir attendus et valorisés pour ce qu’ils ont pu entreprendre. Dans une logique de management positif, c’est leur montrer la confiance que l’entreprise est prête à leur accorder pour prospérer.
Et que faire des profils “normaux” ?
Les candidats que nous pourrions qualifier de plus “classiques” peuvent rapidement perdre en confiance. En effet, comment pourraient-ils rivaliser devant ces parcours extraordinaires ? Comme évoqué précédemment, il en est encore de la responsabilité de l’employeur. C’est à lui de mettre à l’aise l’ensemble des candidats et des salariés, en portant un intérêt à tous. Les compétences plus classiques, comme les hard et soft skills, sont bien évidemment évaluées et il semble important de le rappeler. D’autant que la recherche de mad skills n’a pas vraiment de sens. L’idée est plutôt d’accepter de se laisser surprendre. Ainsi, le rôle de l’employeur est bien d’aider chacun à s’épanouir et à trouver sa place. Les profils atypiques sont également à surveiller au moment de leur intégration. Il faut veiller à ne pas déséquilibrer notamment une équipe déjà en place, qui aurait déjà ses modes de fonctionnement.
À retenir des mad skills
L’émergence des mad skills depuis la pandémie montre à quel point les entreprises ont besoin de fraîcheur. C’est en effet cette dernière qui peut les aider à se réinventer et à se transformer dans un contexte de crise multiple. Les mad skills ne sont pour autant pas à voir comme une finalité. Il s’agit plutôt de la “bonne surprise” qui peut aider à mieux identifier tout le potentiel d’un candidat. C’est finalement une façon de revenir au cœur de métier de tout recruteur : dénicher et révéler des talents pour faire prospérer l’entreprise.
Quelques-unes des sources citées dans cet article (indiquées par une étoile*)
- Welcome to the jungle : mad skills : ces compétences folles que la pandémie a révélées
